Jamais autant d’attention bienveillante n’a été portée au design : on analyse, on disserte, on théorise sur cette discipline qui s’intellectualise. Mais le design ne se prendrait-il pas trop au sérieux ? Quand les formes s’épurent, que le minimalisme est magnifié, quelle place reste-t-il pour l’émotion, l’empathie et surtout l’humour dans le design ? Less is mort ?

Si les designers ont quelques réticences à se frotter à l’humour, ce n’est peut-être que le reflet du statut très singulier de celui-ci dans notre société, tout particulièrement en France et dans tous les domaines. Reconnu d’utilité publique quand il conduit plus de vingt millions de spectateurs dans les salles de cinéma, il reste méprisé par les professionnels et échappe aux plus prestigieuses distinctions. Coluche le soulignait déjà : pour le grand public, faire pleurer, c’est créer des sentiments, ce qui ne serait pas le cas lorsqu’on ferait rire.

Pourtant, plus que jamais, en ces temps difficiles et moroses, la légèreté se révèle une alliée aussi essentielle qu’efficace pour qui sait la manier. Au risque de froisser les ascètes, au même titre que l’ergonomie ou l’esthétique, l’humour est une fonction qui, parmi d’autres, a bien un rôle à jouer dans le design. Heureusement, certains designers et éditeurs l’ont bien compris. De quoi commencer à allumer les feux de l’humour.